Caroline Saves héberge chez elle une amie qui n’est pas conventionnelle : sa silhouette est surprenante ; on y remarque tout de suite une sorte d’asymétrie.
Cette amie oublie ses affaires un peu partout dans l’appartement, s’étale sur les murs, sur son placard à chaussures, dans sa chambre à coucher ; pour autant elle n’est pas envahissante. Au contraire,
c’est une présence chaleureuse et rassurante qui saura se faire discrète lorsque c’est nécessaire. Pour comprendre cette amie, il faut regarder le travail de Caroline Saves : celui-ci prend la forme d’une enveloppe ; un peu comme nos habits enveloppent notre corps. Arrivé dans l’espace d’exposition, le corps a disparu. Il a disparu et pourtant il ne reste que lui, il est révélé. En quittant son appartement, Caroline laissera à son amie la possibilité de pousser un peu le mobilier : pendant une semaine elle laissera le corps des visiteurs se tenir face au sien, de collection.
Dans le cadre de l’exposition de sa collection, notre hôte invite Diego Guglieri Don Vito à exercer le rôle de curateur. Cette position qui lui est pourtant inhabituelle, s’avère être assez proche de sa façon de faire œuvre.
Les fragments qui lui sont mis en main aujourd’hui par cette cleptomane compulsive sont hétéroclites et sentimentaux : des œuvres d’artistes/amis pour la plupart, des éléments récupérés dans des manifestations visitées ensemble, des chutes, des tests aperçus aux ateliers. La capacité de Diego à créer une fiction qui enlace les fragments prend alors tout son sens : tout comme pour son projet Miami-Fauve, il nous embarque dans un espace-temps conté et fabriqué sur les bases de référents palpables.
En choisissant d’effacer le lieu de vie, il nous emmène dans un univers parallèle où chaque élément prend son sens dans, autour et face aux autres sans aucune hiérarchie. En érigeant des structures d’accueil pour les œuvres, il tisse
des relations entre les personnages, les corps découpés, les formes abstraites et les mots griffonnés. Les murs, que Diego Guglieri Don Vito dresse, permettent alors de capturer la présence fantomatique des artistes autant que de rendre
perceptibles par essence les enjeux de leur travail.
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