L’assemblée heureuse, commence à se frôler.
Art-O-Rama, 2022, La Friche Belle de Mai, Marseille
Dans le cadre du salon Art-o-rama qui a lieu à la Friche la Belle de Mai à Marseille du 25 au 28 Août 2022, en collaboration avec Documents d’artistes Paca, le Réseau documents d’artistes présente Cocktail, une édition rassemblant un ensemble de textes sur des artistes commandés à des critiques d’art, commissaires d’exposition ou universitaires.
Pour célébrer ces rencontres inédites et cette édition chorale, l’artiste Diego Guglieri Don Vito a été invité à penser et à concevoir une œuvre originale permettant de se retrouver et de partager dans l’espace d’Art-o-rama. Dans le dispositif L’assemblée heureuse, commence à se frôler, il est question de peinture autant que de convivialité, de volume et d’expérience physique de l’espace… un territoire de découverte accueillant et joyeux.
Texte extrait du « Second Voyage »
Ce lieu était celui où l’on se réunissait. L’espace, chaleureux, accueillait un groupe de personnes qui semblaient prendre plaisir à flâner, discuter et se laisser porter par l’ambiance de légèreté qui flottait du sol jusqu’à hauteur d’épaule. On pouvait y rester plusieurs heures sans ressentir le poids de l’ennui, du temps qui s’écoule. L’atmosphère nébuleuse accompagnait les discussions faites d’anecdotes, vécus ou non, à propos de rencontres dont personne ne savait réellement si elles avaient eu lieu ou si elles allaient advenir.
J’errais au cœur de ce groupe de personnes formant l’entité continue de cette assemblée. Certains lisaient, certaines se rafraichissaient au moyen de boissons colorées. L’ensemble participait à un brouhaha léger, semblable au chuchotement d’une fontaine à son bassin.
Ce lieu n’avait ni sol ni plafond. Lorsqu’une personne se servait un verre, elle commençait à le remplir par le haut ou par le bas. De la même manière, en buvant son contenu, elle avait indifféremment le choix de commencer par la fin ou le début. Il fallait utiliser des contenants spéciaux, sans fond, formés dans de longs tubes de verre. Il était aisé de se repérer, on se servait des nuances environnantes : elles donnaient l’indication de savoir si nous étions en train de finir notre verre ou si nous le commencions. Plus qu’occuper l’espace, les couleurs déployées étaient le tissu qui donnait à ce tout un ensemble cohérent.
On lisait comme on se rafraichissait, les pages se tenant indépendamment dans un sens ou dans l’autre. C’était assez pratique : il était possible d’être deux pour un seul ouvrage. Il fallait tout de même se sentir proche de la personne qui vous accompagnait : tenir à quatre mains l’édition demandait une proximité physique, qui aurait pu être embarrassante si rien d’autre que cette lecture n’était partagé avec qui vous faisait face.
À en croire l’euphorie qui régnait, l’embarras n’avait pas été invité aux réjouissances, déjà confortablement installées. La légèreté qui régnait pouvait-être le fait des boissons consommées, mais au fond cela n’avait pas grande importance. Ce temps fonctionnait, se déroulant en douceur. Les convives affichaient ce genre de sourire que l’on sait durer. Ils souriaient tout en se servant à nouveau de ce cocktail. En délicatesse, les gestes se faisaient plus lâches, les rires appuyés, l’assemblée heureuse, commençait à se frôler.
Plus d’infos sur le site de reseau-dda.org