• Vue de l'expostion Du plus profond des nuits, j'entends l'aube qui s'ennuie. de Diego Guglieri Don Vito à 7 Clous chez Patrick Reynaud, Marseille 2022, Photo JC Lett
  • Vue de l'expostion Du plus profond des nuits, j'entends l'aube qui s'ennuie. de Diego Guglieri Don Vito à 7 Clous chez Patrick Reynaud, Marseille 2022, Photo JC Lett
  • Vue de l'expostion Du plus profond des nuits, j'entends l'aube qui s'ennuie. de Diego Guglieri Don Vito à 7 Clous chez Patrick Reynaud, Marseille 2022, Photo JC Lett
  • Vue de l'expostion Du plus profond des nuits, j'entends l'aube qui s'ennuie. de Diego Guglieri Don Vito à 7 Clous chez Patrick Reynaud, Marseille 2022, Photo JC Lett
  • Vue de l'expostion Du plus profond des nuits, j'entends l'aube qui s'ennuie. de Diego Guglieri Don Vito à 7 Clous chez Patrick Reynaud, Marseille 2022, Photo JC Lett
  • Vue de l'expostion Du plus profond des nuits, j'entends l'aube qui s'ennuie. de Diego Guglieri Don Vito à 7 Clous chez Patrick Reynaud, Marseille 2022, Photo JC Lett

Du plus profond des nuits, j’entends l’aube qui s’ennuie.

7 Clous chez Patrick Reynaud, Marseille, 2022

On y accédait en glissant le long d’un escalier, parcouru marche après marche dans le sens montant cette fois-ci. En arrivant, on faisait la rencontre d’un mur aux briques ocre rouges dont le centre rieur avait la fâcheuse tendance de fuir sur la droite ; uniquement lorsqu’on le regardait.

Malgré la taille de l’espace, on ne s’y sentait jamais vraiment seul. Une invitée était toujours là. Elle vous suivait du regard lorsque vous passiez d’une pièce à l’autre, silencieusement, sans imposer sa présence au-delà de ce que vous auriez pu remarquer. Elle était patiente et sérénité, et vous laissait vous adonner à vos allées et venues sans dire un mot. C’était le genre de convive qui aimait occuper toujours la même place, à la variation prête de l’enchainement des saisons au fil de l’année.

Elle connaissait presque la totalité des recoins de cet appartement. Elle ne les habitait pas tous, mais aimait se trouver en plusieurs endroits. Joueuse, elle se suspendait des hauteurs, depuis les poutres pour se laisser glisser le long du mur, avant couler lentement sur le parquet et de s’y aplatir durant de longues heures. À ce point, que si l’on ne prenait pas garde, on eût vite piétiné cette amie espiègle. Dans le même temps, elle se jetait mollement depuis des fenêtres de votre chambre jusqu’au mur opposé lorsque vous dormiez, et prenait plaisir à attendre votre éveil en vous regardant immobile.

Par-dessus tout, elle aimait le linge de maison, dans lequel elle s’entortillait durant de longues heures, le laissant scintiller aux teintes poudrées qu’il projetait avec douceur dans les pièces environnantes.

Cette danse se répétait inlassablement tous les soirs aux mêmes heures, peu importe qu’il y ait un public ou non pour admirer les acrobaties. Dès que la lueur du jour effleurait une dernière fois les volumes saillants de l’architecture, elle se déployait silencieusement et s’installait pour recommencer ce ballet interminable. Malgré sa présence fragile, elle se déployait dans la totalité de l’espace et l’occupait avec un systématisme qui lui était propre. Bien que personne n’eût jamais souhaité une telle chose, il était impossible d’échapper à sa présence.

Parfois, dans l’épais silence de la nuit, il m’arrivait de surprendre un soupir, imperceptible, et je savais que malgré l’assiduité de ses visites, cette répétition finirait un jour par s’user. Je m’endormais alors, laissant au temps le loisir d’être témoin du ballet des lumières de la nuit.

Plus d’infos sur le site 7 Clous à Marseille