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La Collision Miami Fauve, Démarche Artistique

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Miami Fauve Collision : 45e Rugissant, Marie de Brugerolle

Extrait du texte de Marie de Brugerolle pour l’exposition Views From Miami Fauve, disponible dans le Virtual Dream Center 3.2

La Collision de Miami Fauve est une oeuvre en extension, le rêve d’un monde dont un artiste nous fait prendre conscience. Elle pré-existe à son auteur, Diego Guglieri Don Vito qui en est l’inventeur au sens de découvreur. Tel Vasco de Gama ou Magellan, Diego G. Don Vito, a rencontré la Collision Miami Fauve en 2017. Cent ans après Fontaine de Marcel Duchamp, et 111 ans après Le Port de l’Estaque par Georges Braque, Diego Guglieri Don Vito passe le seuil d’un univers où la couleur est une dimension spatio-temporelle. Un monde construit par les chocs permanents de particules en mouvement, dont la fluidité serait bloquée dans un « double effet Venturi ». Imaginez un monde coincé dans le goulot d’une bouteille, entre deux tubes, et dont la fluidité est accélérée par l’effet Venturi1, de manière mécanique. Imaginez ensuite la forme globale de cette bouteille, dans la logique du « hangar décoré » signalée par Roberto Venturi2.

SF-Sfumato : le présent comme passé du futur

Tous ensemble mais où ? Quel est l’espace-temps, le lieu, l’endroit commun, d’une mémoire partagée (car il n’y a pas de lieu sans mémoire) ?

[…]

Diffractées par une ouverture possible, un passage de plan, vers une autre dimension, les
couleurs sont la dimension additionnelle. Ici non
décorative mais structurelle, la cou-leur est un
vecteur pour passer un seuil. Un film nous donne des c
lefs. D’abord paru en feuilleton en 1972, Stalker, des frères Strougatski (1977), est le roman dont Andrei Tarkovski fera un film en 1979. Le sous–titre, « pique-nique au bord du chemin », est une clef importante pour comprendre la question du seuil. Les extra terrestres ayant infiltré la terre de façon discrète, ils ont laissé des traces, des zones de contacts. Les « stalkers » sont des personnes qui viennent piller des objets dans ces zones. Ils sont à la fois collecteurs et transmetteurs. Ils peuvent passer des seuils. Le propre du seuil c’est qu’on l’éprouve. On doit en faire l’expérience pour le passer, et on ne sait qu’on l’a passé qu’en le passant.

Ainsi la « collision » dont il est question ne relève pas du brutal accident, mais de la diffraction visuelle, qui crée des moments de rencontres entre des univers différents. Le toucher, le son, les odeurs, seront des étapes complémentaires de la construction de ce monde parallèle. Les particules colorées sont des fractions de temps qui dérivent, s’agglutinent pour faire forme : point, ligne, plan. Le sfumato pictoriel entérine cette évidence quantique : passé, présent, futur sont des concepts relatifs. Les temps se « cosmosent » en strates parallèles, qui parfois, se rencontrent lors de collisions perceptives. L’image de la bouteille de Venturi est là pour évoquer ce moment d’accélération, créant des tourbillons où les rencontres anachroniques deviennent possible. C’est ce que provoque Diego G. Don Vito : les images de l’Estaque de Braque, et celles de Miami sont réactivées dans un autre contexte : le présent où nous sommes. Le sfumato qui permet de flouter les espaces « entre » est formé de millions de micros particules qui s’accélèrent pour aider à passer un sas, un passage, le seuil/rideau de la pellicule colorée.

Texte de Marie de Brugerolle (Les Presses Du Réel)

1 : Giovanni Battista Venturi (1746-1822), physicien Italien. L’effet Venturi décrit la relation entre la vitesse d’un fluide et la
pression exercée sur celui-ci.

2 : Roberto Venturi, Learning from Las Vegas, MIT, 1972.

Démarche Artistique

La recherche artistique de Diego Guglieri Don Vito oscille entre peinture et écriture. Elle s’organise autour d’un univers connu comme étant La Collision Miami Fauve.

Sa pratique de la couleur est une peinture légère et sensible, nourrie par une poétique de la précision. L’imagerie qui en découle est une délicate invitation à pénétrer au-delà du support peint pour embrasser du regard un espace dans lequel la couleur est matière.

Les œuvres qu’il présente dans ses textes comme étant des fragments issus de Miami Fauve plantent dans ses expositions un décor ambivalent oscillant entre réalité et fiction.

Portrait de Diego Guglieri Don Vito, Triptyque "Au Soleil malgres l'hiver [...]" collection publique du departement de l'isère
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