Cleptomanie Sentimentale

Vue de l'exposition Cleptomanie Sentimentale, 2018, commissariat Diego Guglieri Don Vito & Caroline Saves
Vue de l’exposition Cleptomanie Sentimentale, 2018, commissariat Diego Guglieri Don Vito & Caroline Saves.

compte rendu d’exposition de Leila Couradin

Dès l’entrée de l’immeuble, au numéro 6 de la rue du marché, le ton est donné : aucun doute possible, il s’agit bien ici d’une exposition publique. Loin des projets curatoriaux dits « d’appartement » souvent proches de « l’entre soi », la collection Saves ici présentée par Diego Guglieri Don Vito invite le spectateur à la découverte des pièces qui la composent dans un cadre domestique ouvert. Il s’agit d’une collection personnelle que Caroline Saves et Diego Guglieri Don Vito tentent de lire dans son ensemble, avec l’éclairage permis par un accrochage géographiquement et temporellement défini réalisant alors un « état de collection ». Dans cet appartement, si le parti pris d’un accrochage de type « muséal » est défendu, l’espace n’en reste pas moins un lieu de vie dépouillé de sa fonctionnalité et des traces d’occupation de sa propriétaire. Ainsi, le bar sert de surface et la fenêtre de support.

Cet espace apparaît toutefois « habité » tant l’architecture du lieu comme le dispositif scénographique sont caractérisés. Le carrelage en damier et l’unique meuble laqué, loin de représenter une véritable contrainte permettent d’insister sur l’aspect intimiste d’une exposition de collection accrochée chez sa propriétaire. Chaque pièce trouve ici sa place : sur une cimaise montée pour l’occasion, derrière une poutre, dans une alcôve, en haut d’une porte.

Les œuvres, nombreuses, sont toutes potentiellement mobiles : elles se transportent pliées dans une poche, roulées dans un sac, ou glissées entre les pages d’un livre. Ces formats invitent à fantasmer leurs histoires parfois chaotiques : de la pièce échangée à celle dérobée dans une exposition, en passant par celle vouée à une destruction certaine et pourtant glanée dans le recoin d’un atelier. Tout ici évoque la fictive petite boite en fer contenant un trésor jusqu’ici jalousement gardé secret.

On y découvre entre autre sérigraphies et peintures de Charlotte Denamur, sculptures en cire d’Amandine Arcelli, tirages photographiques de Léa Mercier et cloches en plexiglass de Florent Frizet.

En exposant ces pièces, Diego Guglieri Don Vito évoque la notion inhérente au projet de réhabilitation : la question du statut de chacune de ces productions, se pose ici avec évidence. Si pour Caroline Saves qu’importe le statut, leur valeur est éminemment sentimentale, elles sont pourtant ici titrées, réévaluant la place qu’elles occupent, ou qu’elles pourraient occuper dans une pratique artistique. Est-il possible d’y voir, peut-être en négatif, quelques indices sur l’essence d’un travail ? Ou est-ce l’exposition en elle-même qui ferait « œuvre » ?

Peut-être est-ce ici la force de cette proposition qui se situe à la frontière entre le public et le privé, l’accrochage muséal et les spécificités d’un appartement, l’œuvre exposée et la tentative d’atelier.

Un anonyme serait tenté d’y risquer un rapide manifeste sur post-it…

L’exposition Cleptomanie Sentimentale réunit les œuvres des artistes Amandine Arcelli, Bruno Rey, Charlotte Denamur, Diego Guglieri Don Vito , Eleni Riga (HD KEPLER), Florent Frizet, Léa Mercier, Lisa Algayer, Lucie Douriaud , Manon Vargas , Marie Clerel , Maxime Delhomme, Sabine Leclerq, Théo Massoulier, ainsi que des apparitions surprises.

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